https://www.queryonline.it/2020/02/04/nuovo-coronavirus-cinese-chiacchiere-e-complotti/
Nouveau coronavirus chinois, bavardages et conspirations
4 février 2020
Article de Graziella Morace*, traduit par Giulia Maffucci
En Italie, en Europe et dans le monde entier, l’appréhension à l’égard du nouveau coronavirus provenant de Chine grandit de plus en plus, en raison de l’évolution rapide de la propagation du virus et du fait que l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré l’épidémie internationale du nouveau coronavirus SARS-CoV-2 comme une urgence de santé publique d’importance internationale.
Cette situation angoissante a entraîné l’apparition d’un alarmisme et de fausses nouvelles ainsi que leur propagation rapide et généralisée avec pour effet, comme toujours, d’induire les gens en erreur, créer du chaos et également des discriminations, car beaucoup sont convaincus que les restaurants et les magasins tenus par des Chinois, et de façon générale tout Chinois, peuvent être une source de contagion parce qu’ils sont susceptibles d’être en contact avec la Chine.
L’une des théories les plus répandues est qu’il s’agit d’un virus créé en laboratoire, une rumeur ayant déjà circulé en 2003 lors de la première épidémie de coronavirus causant un SRAS. Cette fois, sans préjudice de l’hypothèse de base, le laboratoire incriminé peut être, selon les différents courants de pensée, chinois ou britannique. Dans le premier cas, il s’agirait d’une erreur de laboratoire, survenue lors d’expériences militaires visant à produire des virus destinés à être utilisés pour une éventuelle guerre microbiologique. L’origine de ce canular semble être un article du Washington Times [1], un journal connu pour publier des informations souvent dépourvues de consensus scientifique et non soumises à un quelconque contrôle (fact-checking), qui prétend rapporter les déclarations d’un biologiste israélien expert en armes bactériologiques, Dany Shoham. Cependant, Shoham, contacté par courriel le 27 janvier par le contrôleur d’information (fact-checker) Pavel Bannikov, a précisé :
« Le Washington Times m’a interrogé sur ce sujet et j’ai suggéré un lien possible avec le programme chinois de développement de la guerre biologique sous la forme d’une fuite de virus, mais j’ai ajouté qu’il n’y a aucune preuve ni aucun indice d’un tel incident et tout ce qui s’est passé, bien sûr, peut être tout à fait naturel, et c’est exactement ce qu’il semble pour le moment. »
Le second courant de pensée, rapporté entre autres en Italie par le groupe Facebook « Scienza di confine » (Science des frontières), prétend que le virus a été créé à des fins lucratives par un institut britannique qui produit des vaccins, le Pirbright Institute. Cette thèse, du style « Ils nous cachent des choses », part au moins en partie de la déclaration de l’expert en vaccins Rino Rappuoli : « Depuis l’époque du SRAS, nous savons qu’il faut prendre un des gènes qui codifie les protéines de surface du virus et sur cette base, nous pouvons commencer à travailler sur un vaccin » et « la technique pour les obtenir est très rapide, de sorte que vous pouvez le faire en une semaine. » De là jusqu’à penser que le nouveau coronavirus a donc été propagé par les fabricants de vaccins, il n’y a qu’un pas. En fait, une demande de brevet pour un vaccin anti-virus existe et avait déjà été déposée en 2015 [2] … sauf qu’il s’agit d’un vaccin contre le coronavirus de la bronchite infectieuse aviaire (VIB) !
Il aurait peut-être suffi de lire au-delà des premières lignes de la demande. Pour en revenir à la question du temps nécessaire au développement d’un vaccin, il est vrai que les nouvelles technologies permettent de réduire considérablement le temps nécessaire à sa création, mais ensuite toutes les étapes nécessaires aux essais cliniques et le temps nécessaire pour obtenir les autorisations des organismes internationaux et commencer une production à grande échelle peuvent prendre de nombreuses années.
D’autres, cependant, comme la page Facebook « La voce degli anticorpi » (« La voix des anticorps »), ont découvert une autre coïncidence suspecte : en comparant l’annonce du brevet du vaccin de l’Institut Pirbright avec le brevet pour un coronavirus déposé en 2002 (mais lié au virus du SRAS !) [3], ils arrivent à la conclusion qu’il s’agit d’un stratagème pour obliger l’administration d’un nouveau vaccin à la population.
Une autre thèse de conspiration circulant sur le SARS-CoV-2 est beaucoup plus sombre et présente un scénario tragique : l’épidémie ferait partie d’un plan pour décimer la population mondiale conçu par Bill Gates [4] en collaboration avec le Forum économique mondial (FEM) et, en même temps, pour s’enrichir grâce à la vente du vaccin. En allant vérifier, on découvre qu’il est vrai que la Fondation Gates a financé l’Institut Pirbright qui produit des vaccins et que, conjointement avec le FEM, elle a organisé en octobre 2019 un exercice (Event 201) [5] dans le but de déterminer quel était le niveau de préparation et quelles contre-mesures pouvaient être prises pour faire face à une éventuelle pandémie, due à n’importe quel micro-organisme, étant donné que :
« Ces dernières années, le monde a connu un nombre croissant d’événements épidémiques, soit environ 200 événements par an. […] Les experts s’accordent à dire que ce n’est qu’une question de temps avant qu’une de ces épidémies ne devienne mondiale, une pandémie aux conséquences potentiellement catastrophiques. Une pandémie majeure […] nécessiterait une coopération fiable entre les différents secteurs, les gouvernements nationaux et les principales institutions internationales. »
Malheureusement, dans l’exercice théorique, un coronavirus inventé a été accidentellement utilisé comme microorganisme modèle.
Juste ciel ! Quelqu’un savait donc déjà ce qui allait se passer à la fin de l’année à Wuhan ? Le nouveau coronavirus n’était pas vraiment « nouveau » et il y avait vraiment un vaccin prêt à être mis sur le marché ! Bien sûr, la coïncidence est assez juteuse, trop appétissante pour la laisser passer. Pourtant, comme nous le savons, une coïncidence n’est qu’un événement qui a peu de chances de se produire et qui semble donc significatif. Mais combien de ces événements se produisent réellement sans que nous y prêtions attention ? La tendance à rechercher un ordre et du sens dans ce qui nous arrive, à relier des événements distincts, à tracer des relations de cause à effet est présente dans tous ces événements, mais ne laisse souvent pas de place à l’aléatoire qui, en revanche, existe bel et bien.
Pour en revenir au cas précis, comme nous l’avons déjà vu, aucun vaccin n’a encore été développé et, s’il l’était, quel serait l’intérêt de le commercialiser si la pandémie avait pour but de réduire la population mondiale ?
Enfin, une théorie de conspiration véritablement dangereuse est en train de circuler. Selon le site web LinKiesta [6], il semble que les groupes de conspiration américains qui adhèrent à la théorie de conspiration QAnon [7] suggèrent de boire un détergent à base de chlorite de sodium, appelé « Miracle Mineral Solution » [8], pour se protéger des infections. Le youtubeur américain Jordan Sather [9] a récemment déclaré qu’« il existe des preuves » (mais ne les donne pas) que le MMS peut guérir le coronavirus, et il affirme la nécessité de « répandre le MMS dans tout le pays, en mettre partout ».
En fait, la solution, si elle est mélangée comme recommandé avec du citron ou un autre acide, se transforme en un agent de blanchiment qui peut provoquer des effets secondaires graves et potentiellement mortels, comme l’a déjà déclaré [10] la Food and Drug Administration depuis 2010, qui a averti les consommateurs des dangers de l’ingestion du produit, promu sur les médias sociaux comme un remède pour le traitement de l’autisme, du cancer, du VIH/SIDA, de l’hépatite et de la grippe, en précisant qu’il n’a été approuvé pour aucune utilisation.
Et au sujet des remèdes miraculeux pour l’infection Covid-19, il faut mentionner la note officielle publiée par le gouvernement indien [11], qui conseille à ses citoyens de prévenir la contagion, de renforcer le système immunitaire et de traiter les symptômes grâce à une alimentation légère avec des aliments facilement digestibles, des tisanes composées de mélanges d’herbes typiques des médecines traditionnelles (ayurveda, unani) et le produit homéopathique Arsenicum album CH30.
Avec tout ça, on est vraiment bien arrangés…
*Virologue et experte en vaccins. Après plus de quarante ans de travail en tant que chercheuse principale à l’Istituto Superiore di Sanità (Institut Supérieur de Santé), elle est aujourd’hui heureusement retraitée, mais elle continue à travailler activement sur des sujets scientifiques.
[1]https://www.washingtontimes.com/news/2020/jan/26/coronavirus-link-to-china-biowarfare-program-possi/
[2] https://patents.justia.com/patent/10130701
[3] https://patents.google.com/patent/US7220852
[4] https://lacrunadellago.net/2020/01/25/bill-gates-sapeva-gia-della-pandemia-del-coronavirus/
[5] https://www.centerforhealthsecurity.org/event201/
[6] https://www.linkiesta.it/2020/01/coronavirus-italia-bufale-fake-news-virus-cinese/
[7] https://www.wired.it/attualita/politica/2018/08/04/teoria-qanon-complotto/
[8] https://www.queryonline.it/2010/09/22/un-quindicenne-smonta-uno-dei-guru-della-candeggina/
[9] https://twitter.com/Jordan_Sather_/status/1221163860389847041
[10] https://twitter.com/Jordan_Sather_/status/1221163860389847041